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Le 29/05/2025

Product Conf 2025 : 8 leçons inspirantes de la Product Conf 2025

Impossible d’assister à toutes les conf’ en même temps… et pourtant, quelle journée ! La Product Conf 2025, c’était ce mélange de talks inspirants, de retours d’expérience concrets et de discussions qui se prolongent. Voici les 8 leçons qui m’ont le plus marquée. Elles parlent de ce que notre métier est devenu, de ce qu’il pourrait devenir, et de ce qu’il ne doit pas oublier d’être.

1. L’IA est partout… mais tout le monde n’a pas le mode d’emploi

Dès la keynote d’ouverture, Ravi Mehta a donné le ton : nous sommes entrés dans une 4e phase technologique, après le PC, l’Internet et le mobile, voici celle de l’intelligence artificielle. Mais cette fois, ce n’est pas un “blue ocean”, c’est un “red ocean” : ultra-concurrentiel, saturé, dangereux.
Créer un produit IA efficace, ce n’est pas juste brancher un LLM. C’est savoir combiner :

  • des capacités d’IA  : ce que l’IA peut faire de mieux que le code traditionnel (analyse, génération, prédiction…)
  • ses données : ce qui alimente l’IA avec du contexte pertinent
  • ses fonctionnalités : ce qui définit comment l’IA contribue concrètement à l’expérience et aux objectifs du produit

Un bon produit IA, ce n’est donc pas mettre du GPT dedans. C’est penser contexte, output, usage réel et orchestration dès la conception.

2. Nos soft skills, l’atout indispensable dans un monde qui évolue rapidement 

Dans la table ronde Product ConversationAmandine Durr et Gabriel Szanto ont partagé un constat fort : dans un environnement mouvant, ce ne sont pas les frameworks qui sauvent, mais notre capacité à écouter, aligner, arbitrer.

Les soft skills ne sont plus des “à-côtés” : elles sont devenues le socle de notre capacité à avancer, à décider, et à inspirer dans un contexte incertain et en constante évolution.

3. Le produit ne peut plus ignorer le ROI

Dans une intervention percutante, Fabrice des Mazery a rappelé que trop d’équipes produit ont grandi (et coûté) sans que leur impact business soit clairement démontré.

Sa solution ? Viser un double impact : la raison d’être d’un produit est de générer du ROI pour l’utilisateur ET pour l’entreprise.

 Trois leviers pour y parvenir :

  • Le co-investissement avec les stakeholders : ils doivent aussi mettre quelque chose sur la table. Pas juste imposer leur fonctionnalités dans la roadmap sans donner en retour (par exemple, faciliter l’accès aux utilisateurs, participer aux tests, etc.)
  • Le capping : “on ne fait pas de chèque en blanc”. Il s’agit de limiter l’appétit selon l’ambition, déterminer quel budget on veut investir sur telle ou telle initiative.
  • La logique de portfolio : penser la stratégie produit comme un investisseur, et “ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier”. Mieux vaut orienter sa stratégie produit avec des investissements stratégiques, quelques investissements sûrs, et quelques “bets” risqués mais à ROI élevé. 

 

4. L’enjeu n’est plus de tester l’IA… mais de s’y mettre sérieusement

Dans sa conférence très opérationnelle, Dave Killeen (Pendo) a partagé des outils concrets pour intégrer l’IA dans notre quotidien de PM.
 Trois axes clés :

  • Gagner du tempsSuperwhisper pour le speech-to-text rapide.
  • Protéger son tempsSunsama pour structurer ses journées comme un pro du time-boxing.
  • Amplifier son impactClaude pour générer du contenu structuré à partir de la voix, ou Gumloop pour automatiser des workflows.
     

5. Une transformation produit ne peut réussir seule dans son coin

“Une transfo produit sans toute l’entreprise, c’est une équipe enfermée dans sa boîte noire.” 

Silvan Cabot a mis le doigt sur un phénomène encore trop fréquent : les transformations Produit portées uniquement par les équipes Produit. Lorsqu’elles sont seules à s’en emparer, elles finissent par se refermer sur leurs rituels, leurs outils, leurs process… jusqu’à devenir une “boîte noire” aux yeux du reste de l’organisation.

Ce que Silvan rappelle avec force, à l’appui de dessins aussi drôles que justes :

  • Une transfo produit réussie implique toute l’entreprise, jusqu’au comex
  • Elle doit faire tomber les silos, pas en créer de nouveaux sous prétexte de maturité produit
  • Et surtout, il est temps de dire “collaborer avec ses collègues” plutôt que “gérer les stakeholders”

6. La sécurité peut aussi booster l’expérience utilisateur

L’exemple de Lydia, raconté par William Brulin (Lydia) et Marc Marchal de Corny (Vonage), est une leçon de simplicité efficace. 

"On fait des UX léchées… mais on utilise encore le SMS de 1992 pour s’authentifier."

Remplacer l’authentification à double facteur par SMS par une authentification silencieuse (via opérateur mobile), c’est :

  • -20 points de drop dans le parcours
  • -95 % de fraude

Preuve qu’on peut allier sécurité et fluidité, quand on ose repenser les standards.

7. Les codes du stand up peuvent servir les PM en action 

"Un bon storytelling produit, c’est comme une blague : un contexte et une chute, plutôt rapide et comprise par tous."

Dans un talk rythmé, Abdul Rahman a partagé comment la pratique du stand-up peut aider dans ses prises de parole produit. Quelques tips à emporter : 

  • Dire non sans dire non : reformuler, réorienter, expliquer.
  • En session Q&A : reformuler lentement la question pour gagner du temps (et du calme)

 

8. Le changement de business model ne peut pas se faire à moitié 

Dans un retour d’expérience très transparent, Gabrielle Gleysteen a raconté les trois tentatives pour faire pivoter Meetic d’un modèle d’abonnement à un modèle freemium.

  • Le piège initial : tester timidement, sans modifier réellement l’expérience utilisateur. Résultat ? Aucun impact.
  • La deuxième tentative : faire un compromis pour ne pas tout casser. Résultat ? Engagement en hausse, mais revenus en baisse.
  • La troisième ? Un vrai pivot. Un nouveau modèle couplé à de nouvelles fonctionnalités à forte valeur, et un engagement total de l’entreprise pendant plusieurs mois. Résultat : plus d’engagement et plus de business.

Ce que je retiens : On ne change pas de business model sans repenser l’expérience utilisateur. Et il faut du temps, de la ténacité, et une conviction partagée pour tenir la ligne.

Ce que je retiens de cette édition ?

Le produit est à un moment charnière. Entre l’essor de l’IA, la pression du ROI et la transformation des organisations, tout s’accélère. Et c’est justement dans ce contexte que nos fondamentaux prennent toute leur valeur : écouter, mesurer, s’adapter, créer. Pas besoin de tout réinventer, juste de faire mieux.

Malory REINHARDT, Head of Product NEXTON 

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