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Le 19/02/2025
Pourquoi 90% des API échouent et comment faire partie des 10% qui réussissent
Les API sont au cœur des systèmes modernes, et leur conception impacte directement la scalabilité, la sécurité et l'expérience des développeurs. Une étude récente montre que plus de 80 % des entreprises considèrent les bonnes pratiques d’API comme un facteur clé de succès, et que 70 % des problèmes de performance des applications proviennent d'une mauvaise conception des API.
Lors de ma participation à APIDays organisé à Paris, j'ai eu l'occasion d'assister à de nombreux retours d'expérience sur ces enjeux. Cet article s'inspire notamment d'un talk qui a particulièrement résonné avec les défis que nous rencontrons chez Nexton et aussi chez nos clients, où nous développons et maintenons des API exposées à divers partenaires.
Nous allons donc explorer ensemble les bonnes pratiques essentielles pour concevoir des API performantes, maintenables et évolutives.
1. Conception des API : les fondamentaux
Une API bien conçue facilite son adoption et son intégration. Voici les principes de base à respecter :
a) Utilisation des noms au pluriel plutôt que des verbes
Mauvais exemple :

Bon exemple :

Les verbes sont déjà définis par les méthodes HTTP (GET, POST, etc.), il est donc inutile de les répéter dans l’URL.
b) Respect des méthodes HTTP : chaque méthode HTTP a une signification spécifique :
- GET : récupérer des données
- POST : créer une ressource
- PUT/PATCH : mettre à jour une ressource
- DELETE : supprimer une ressource
Évitez d’utiliser GET pour modifier des données, car cela va à l’encontre des bonnes pratiques et peut entraîner des failles de sécurité.
c) Codes de réponse HTTP : utiliser les codes de statut HTTP permet une meilleure compréhension des erreurs :
- 200 : Succès
- 400 : Requête invalide
- 401 : Non autorisé
- 500 : Erreur serveur
Plutôt que d’envoyer des messages d’erreur dans le corps de la réponse, utilisez ces codes normalisés.
d) Versioning des API
Le versioning est essentiel pour éviter de casser les intégrations existantes. Utilisez une approche simple comme :

2. Sécuriser ses API : une priorité
La sécurité des API est souvent négligée. Voici les principales erreurs et comment les éviter :
a) Forcer l'utilisation du HTTPS : le chiffrement via HTTPS est aujourd’hui gratuit grâce à des solutions comme Let's Encrypt. Il empêche les attaques de type man-in-the-middle.
b) Authentification et autorisation
- Utiliser OAuth 2.0 : 52 % des API n’utilisent pas d’authentification, ce qui est une erreur majeure.
- Limiter les permissions : un utilisateur ne doit avoir accès qu’aux ressources nécessaires.
c) Valider et nettoyer les entrées : toutes les requêtes entrantes doivent être filtrées pour éviter les injections SQL ou XSS. L’API doit jouer le rôle de pare-feu pour la base de données.
d) Supprimer les en-têtes d’informations sensibles : par défaut, des informations comme la version d’Apache ou PHP sont exposées. Il est crucial de désactiver ces en-têtes pour ne pas donner d’indices aux attaquants.
e) Implémentation du Rate Limiting : pour protéger votre API contre les abus et les surcharges, il est crucial de mettre en place un Rate Limiting. Cela permet de limiter le nombre de requêtes qu’un client peut effectuer dans un laps de temps donné.
3. Optimiser les performances
Un temps de réponse lent impacte directement l’expérience utilisateur et peut générer des coûts inutiles.
a) Mise en cache : cachez autant que possible, aussi bien côté serveur que client. Les requêtes fréquentes doivent être servies via un cache (Redis, CDN).
b) Pagination : plutôt que de retourner des milliers de résultats, utilisez la pagination :

c) Optimisation de la base de données
- Ajoutez des index aux colonnes fréquemment interrogées.
- Évitez les jointures complexes dans vos requêtes SQL.
d) Compression des réponses : les formats comme Gzip ou Brotli permettent de réduire jusqu'à 80 % la taille des réponses API.
4. Documentation : rendre son API accessible
Une API sans documentation est inutilisable. Quelques bonnes pratiques :
a) Utiliser des exemples concrets : les développeurs préfèrent des exemples de requêtes et réponses plutôt que de longs textes explicatifs.
b) Standardiser la documentation : utilisez OpenAPI (Swagger) pour générer une documentation interactive.
c) Fournir des SDK : les SDK permettent aux développeurs d’intégrer votre API sans effort. Automatisez leur génération via l’OpenAPI spec.
d) Gérer les erreurs avec des messages clairs : lorsqu’une erreur survient, fournissez un code d’erreur explicite et un message détaillé.
5. Adoption des API : simplifier l'onboarding
Si un développeur ne peut pas tester votre API en moins de 10 minutes, il abandonnera probablement.
a) Simplifier l’accès à l’API
- Proposer une clé API gratuite dès l’inscription.
- Offrir une sandbox pour tester sans risque.
b) Support technique : un support réactif et accessible aux développeurs (chat, Slack, forum) facilite l’adoption.
c) Interface utilisateur intuitive : un portail API mal conçu fait fuir les développeurs. Soignez le design et l’expérience utilisateur.
6. Gouvernance des API
Sans gouvernance, les API deviennent rapidement ingérables.
a) Définir des standards internes : tous les développeurs doivent suivre les mêmes règles en matière de :
- Structure des endpoints
- Authentification
- Documentation
b) Automatiser les revues de code : utilisez des outils comme Spectral pour analyser les spécifications OpenAPI et détecter les incohérences.
c) Sécuriser les accès en production : limitez les droits d’accès et appliquez le principe du moindre privilège.
7. Monétisation des API
Si votre API est payante, assurez-vous qu’elle est facile à tester avant l’achat.
a) Modèle freemium : offrir un quota gratuit permet aux utilisateurs de tester votre service sans engagement.
b) Tarification flexible
- Facturation à l’usage (ex : 10€ pour 1000 requêtes).
- Abonnements pour des volumes plus élevés.
c) Expérience fluide : le processus de souscription et de facturation doit être simple et rapide.
Une API réussie repose sur des bonnes pratiques de conception, sécurité, performance et documentation. Elle doit être facile à adopter, bien gouvernée et, si nécessaire, monétiser efficacement.
En appliquant ces recommandations, vous garantissez une API robuste, sécurisée et performante, assurant ainsi une adoption optimale par les développeurs et les entreprises.
Lotfi Raghib, Développeur Full-stack